Le programme de Belleville, L. Gambetta.

Publié le par P.R-S

S'il était une figure historique qui pourrait représenter à lui seul les aspirations du mouvement humaniste ce serait bien Léon Gambetta. Républicain acharné, orateur de génie, il est l'emblème du combat républicain et de la victoire de la république sur la monarchie.

Dès 1869, Gambetta, alors candidat à la députation dans le quartier de Belleville à Paris, fait part d'un programme qui reste, encore aujourd'hui, très célèbre. Nous sommes donc en 1869, en plein Second Empire et suprématie de Napoléon III. La liberté de la presse n'existe pas, les républicains sont mis au ban de la politique, les candidats officiels du régime font du système électoral une simple façade.

C'est dans ce contexte que Léon Gambetta, jeune avocat, se lance dans une campagne politique courageuse voire téméraire pour défendre la république et les héritages de la Révolution.

Car oui ce programme qu'il propose aux habitants de Belleville est révolutionnaire et sert même de base au programme du Parti Radical au début du 20e siècle.

 

En voici le texte original recopié de wikipédia :

 

Citoyens,
Au nom du suffrage universel, base de toute organisation politique et sociale, donnons mandat à notre député d'affirmer les principes de la démocratie radicale et de revendiquer énergiquement :
  • l'application la plus radicale du suffrage universel tant pour l'élection des maires et des conseillers municipaux, sans distinction de localité, que pour l'élection des députés ;
  • la répartition des circonscriptions effectuée sur le nombre réel des électeurs de droit, et non sur le nombre des électeurs inscrits ;
  • la liberté individuelle désormais placée sous l'égide des lois et non soumise au bon plaisir et à l'arbitraire administratifs ;
  • l'abrogation de la loi de sûreté générale ;
  • la suppression de l'article 75 de la Constitution de l'an VIII et la responsabilité directe de tous les fonctionnaires ;
  • les délits politiques de tout ordre déférés au jury ;
  • la liberté de la presse dans toute sa plénitude, débarrassée du timbre de cautionnement ;
  • la suppression des brevets d'imprimerie et de librairie ;
  • la liberté de réunion sans entraves et sans pièges avec la faculté de discuter toute matière religieuse, philosophique, politique ou sociale ;
  • l'abrogation de l'article 291 du Code pénal ;
  • la liberté d'association pleine et entière ;
  • la suppression du budget des cultes et la séparation de l'Eglise et de l'Etat ;
  • l'instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire avec concours entre les intelligences d'élite, pour l'admission aux cours supérieurs, également gratuits ;
  • la suppression des octrois, la suppression des gros traitements et des cumuls et la modification de notre système d'impôts ;
  • la nomination de tous les fonctionnaires publics par l'élection ;
  • la suppression des armées permanentes cause de ruine pour les finances et les affaires de la nation, source de haine entre les peuples et de défiance à l'intérieur ;
  • l'abolition des privilèges et monopoles, que nous définissons par ces mots : primes à l'oisiveté ;
  • les réformes économiques, qui touchent au problème social dont la solution, quoique subordonnée à la transformation politique, doit être constamment étudiée et recherchée au nom du principe de justice et d'égalité sociale. Ce principe généralisé et appliqué peut seul, en effet, faire disparaître l'antagonisme social et réaliser complètement notre formule :
LIBERTE, EGALITE , FRATERNITE
Le comité électoral de Belleville

 

Comme on peut le constater, la majorité du programme tourne autour des libertés aussi bien individuelles que collectives. Les libertés d'information et d'association sont les deux plus défendues par Gambetta bien que leurs applications réelles se fassent plusieurs années après (1881 pour la liberté de la presse et 1901 pour les associations).

 

Très progressiste le programme va jusqu'à demander, presque 50 ans avant sa réalisation, la séparation de l'Eglise et le l'Etat mais aussi l'impôt sur le revenu, l'école laique, gratuite et obligatoire, l'élection des fonctionnaire et plus impressionnant encore, la suppression des armées permanentes.

 

S'il ne dit rien du statut des femmes et du travail des enfants, ce programme, à l'époque où il est écrit, est révolutionnaire et son exemple ne peut qu'inspirer tous nos partis actuels. Liberté, égalité et paix, le trio gagnant du progressisme auquel nous croyons.

Publié dans Ouvrages

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